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Maïsama, le génie invisible des murs de Dakar

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Maïsama, le génie invisible des murs de Dakar

Dans le Dakar bouillonnant des années 1980, alors que les radios grésillaient au son du mbalax et que les rues vibraient des pas pressés d’un peuple en marche, un personnage étrange semait ses marques dans le silence : Maïsama. Un nom soufflé à voix basse, un mystère sans visage. On ne le voyait jamais, mais ses dessins surgissaient à l’aube, gravés à même les murs, comme sortis d’un rêve.

Maïsama, c’était l’homme qui dessinait dans l’ombre, celui que tout le monde connaissait sans jamais l’avoir croisé. On disait qu’il parlait aux murs, qu’il peignait les douleurs du peuple, les colères des esprits, les beautés invisibles. Ses fresques étaient étranges, dérangeantes parfois, mêlant visages distordus, symboles mystiques, scènes d’un autre monde. Certains y voyaient du génie, d'autres, de la folie.

Dans les quartiers de Médina, de Gueule Tapée ou de Pikine, ses œuvres devenaient des énigmes murales. On s’arrêtait, on commentait, on devinait. Mais jamais on ne savait. Les enfants parlaient d’un homme maigre aux yeux de feu qu’ils avaient vu fuir dans la nuit. Les anciens murmuraient qu’il était possédé par les djinns. D'autres disaient que c’était un ancien étudiant en art devenu fou, ou un sage blessé par le monde.

Mais fou ou prophète, Maïsama a marqué Dakar. À une époque où la ville n’était pas encore familière des graffitis ni de l’art urbain, il fut l’un des premiers à faire du mur une parole, une protestation, un poème. Il n’a jamais exposé dans une galerie, jamais signé son nom. Et un jour, il a disparu, comme il est venu, laissant derrière lui des murs silencieux… mais habités.

Aujourd’hui, il reste une légende, un symbole de liberté artistique, un fantôme bienveillant qui a offert à la ville un langage nouveau, brut, sincère. Maïsama, c’était plus qu’un homme : c’était une voix invisible, un cri de peinture dans les rues de l’oubli.

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Commentaires

Iba le 28/06/2025 10:24

C’est vraiment parfait