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Djibril Diop Mambéty, la voix libre et visionnaire du cinéma africain

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Djibril Diop Mambéty, la voix libre et visionnaire du cinéma africain

Dakar – Le nom de Djibril Diop Mambéty résonne comme une légende dans l’histoire du cinéma africain. Audacieux, poétique, inclassable, ce cinéaste sénégalais a marqué de son empreinte le 7e art mondial, en repoussant sans cesse les limites du langage cinématographique. Son œuvre, aussi rare que précieuse, continue d’inspirer des générations de cinéastes à travers le continent et au-delà.

Né en 1945 à Colobane, un quartier populaire de Dakar, Djibril Diop Mambéty a très tôt fait le choix d’un cinéma libre, radical et profondément enraciné dans les réalités africaines. Il se distingue dès son premier long-métrage, Touki Bouki (1973), véritable chef-d’œuvre devenu culte. Ce film, à l’esthétique novatrice et à la narration fragmentée, raconte le rêve d’évasion d’un jeune couple dakarois vers une Europe idéalisée, dans un style qui mêle symbolisme, critique sociale et humour décapant.

Avec Touki Bouki, Mambéty introduit un souffle nouveau dans le cinéma africain postcolonial, s’éloignant des codes réalistes dominants pour proposer un regard plus subjectif, plus libre, plus expérimental. Il y dénonce les illusions de la modernité, les dérives du néocolonialisme et la perte des repères culturels.

Son œuvre suivante, Hyènes (1992), adaptation africaine et mordante de La visite de la vieille dame de Friedrich Dürrenmatt, renforce sa stature d’artiste visionnaire. Avec une esthétique stylisée et un propos acéré sur la corruption et la décadence morale, Mambéty continue de questionner le rapport de l’Afrique au pouvoir, à l’argent et à la mémoire.

En parallèle, il réalise plusieurs courts et moyens métrages, dont les puissants Le Franc et La Petite Vendeuse de Soleil, qui composent ce qu’il appelait sa trilogie des « Petites gens », consacrée aux oubliés de la société sénégalaise.

Décédé prématurément en 1998, Djibril Diop Mambéty laisse derrière lui une œuvre courte, mais d’une intensité rare, saluée dans les plus grands festivals du monde. Plus qu’un cinéaste, il fut un poète visuel, un penseur, un révolté, un amoureux de son peuple.

Aujourd’hui encore, ses films continuent d’être projetés, étudiés, célébrés. Car Djibril Diop Mambéty, c’est la preuve que l’Afrique peut raconter ses propres histoires, avec force, beauté et singularité.

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